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  • Photo du rédacteurCavallo Danièle

Peinture à l'huile, une histoire...


lorsque l'on évoque l'histoire de la peinture à l'huile, de son origine, ou de sa sa découverte, il est d'usage d'évoquer le peintre Jan Van Eyck (1390-1441), au célèbre tableau, "Les époux Arnolfini". Mais, si toutefois, il n'en n'est pas vraiment l'inventeur, il a cependant, avec son frère, largement contribué à son amélioration et semble t-il, à son évolution. Néanmoins tout reste mystérieux dans cette famille Van Eyck. Deux frères, l'un Hubert, l'autre jan (jean), fondateurs de l'École de Bruges que l'on dit être les inventeurs de la peinture à l'huile, cette peinture qui remplaça peu à peu la peinture à tempera. Tous deux originaires d'Eyck-sur-Meuse, à proximité de Maastricht en Flandres, d'où leur nom. leurs dates de naissance est approximative, Hubert van Eyck probable vers 1366 décédé en 1426, quant à Jan van Eyck naissance probable vers1380 et décédé vers 1440. Ils avaient une sœur, Marguerite qui semble t-il peignit également. L'on ne sait rien de leurs études ni de leurs débuts, aucun écrit ne relate qui ils étaient vraiment. Beaucoup d'incertitudes demeurent également quant à l'invention du procédé de la peinture à l'huile. Ils restent leurs superbes peintures.

Quel était son secret ?

Autoportrait ?

Jan van Eyck 1433 ( Huile sur panneau 25,5 × 19 cm).

(National Gallery de Londres, Londres (Royaume-Uni)

La technique de la peinture à l'huile ne serait-elle pas plus ancienne encore ?

L'analyse des peintures rupestres montre que les artistes des grottes ont utilisé non seulement l'eau pour amalgamer leurs pigments et obtenir de la peinture, mais également, de la graisse, de la moelle d'os... comme liant et parfois d'urine, comme diluant. Mais, il fallu attendre de longues années avant que l'idée de mêler un corps gras comme de l'huile, avec des pigments ne soit utilisé. Les artistes de l'Antiquité, pour la réalisation de leurs fresques utilisèrent de l’encaustique, ceux qui pratiquèrent la tempéra, du jaune d’œuf.

Les artistes d'Extrême-Orient, pour la réalisation de leurs laques, utilisèrent des huiles résineuses...Les chinois, furent-ils nos initiateurs en la matière ? Ils surent exécuter de véritables chef-d’œuvres malgré les difficultés d'utilisation de cette technique de la laque, qui nécessitait plusieurs couches d'application, sans possibilité de retour en arrière, (de "repentirs"). L'élaboration de la laque se faisait à partir de, gomme provenant du "Rhus Verniciflua", ou arbre, dit: "à laque", (Le Sumac), ainsi que d' huile de Camélia et ou de thé. Ces huiles étaient très proches de l'huile d’œillette et de lin couramment employées dans le broyage des pigments pour confectionner la pâte de notre peinture à l'huile.

Les artistes Flamands, dont Jan van Eyck, n'auraient-ils été que les transmetteurs de cette technique de peinture à base d'huile, en transposant le procédé des artistes Chinois ?

Van Eyck (1434)

Portrait de Giovanni Arnolfini et de son épouse Giovanna Cenami.

Les Flamands, tout comme, les Vénitiens et les Génois, furent de très grands voyageurs au XIIe siècle et particulièrement au XVe, et c'est précisément, au XVe que commencèrent à être exportées, les laques en provenance de Chine, et que les artistes occidentaux, commencèrent à s'intéresser à la technique de la peinture à l'huile. Cependant bien que ces deux procédés, emploient des huiles et des résines, ils sont profondément différents, quant à leur méthode de fabrication. Pour que la laque puisse avoir une bonne "prise", il lui faut un fort taux d'humidité, tout le contraire de la peinture à l'huile, à laquelle, il est nécessaire d'avoir, une atmosphère plutôt sèche, du moins chaude pour en permettre la "siccativité".

Il fallu de nombreux tâtonnements avant que ne soit mis au point un procédé, pour la fabrication de la peinture à l'huile, qui finit par apparaître au Nord de l'Europe pour se répandre dans toute l'Europe.

En Normandie et en Artois, (1320 et 1350) il est fait mention de peintures décoratives, élaborées à partir de très fines couches de peintures à l'huile. En 1355, Jean Coste, en France, peignait à l'huile, qualifié de "meilleur peintre de Paris", il fut demandé à la cour du roi Jean le Bon. Au château de Vaudreuil, le duc de Normandie, lui demanda d'exécuter des décorations dans son château. Il réalisa une vie de César, une scène de chasse, de même des représentations, entre autres, de Sainte Anne, saint Nicolas ...

Citation: ("le tout de fines couleurs à l'huile et de fin Azur avec les fonds de fin or enlevé".)

référence Bibliographique.

(Jean Coste, peintre du château de Vaudreuil (1353) Bibliothèque de l'école des Chartres. année 1848, page 334-337).

Bien avant, au Xe Siècle, voir au XIe ou XIIe, un certain moine Bénédictin, prénommé, Théophile, originaire d'Allemagne, n'aurait-il pas lui aussi trouvé le fameux secret de la peinture à l'huile ? Ce qui est certain, c'est que ce moine, dans l'un de ses ouvrages, (De omni scientia artis pingendi), en délivre une recette, conseillant de:

Citation:

("Broyer vos couleurs avec de l'huile de lin crue et poser vos couleurs sur une planche de bois, mais seulement pour les objets qui peuvent sécher au soleil; car chaque fois que vous appliquez une couleur, vous ne pouvez en superposer une autre, ce qui dans les images et les peintures est long et très ennuyeux..." ).

(Extrait du livre le Correspondant volume X -1845- Page 500 Bulletin littéraire).

Il semblerait que Jan van Eyck, eut l'idée dans ses recherches, d'utiliser de l'essence de térébenthine, ou peut-être de lavande ? avec l'huile de lin, afin de remédier au problème de siccativité de la peinture à l'huile. L'essence en s'évaporant permettait ainsi à la peinture de durcir.

La recette de Jan van Eyck ? (Une des nombreuses qu'on lui attribut).

-Une part d'un vernis qu'il obtenait à partir d'huile de lin, ou de noix, de poudre d'os et de verre pillé, (Huile de lin qu'il utilisait cuite), à laquelle il ajoutait, de l'essence de térébenthine, qu'il allongeait avec un peu d'eau. Le tout, fortement mélangé, afin que se produise une émulsion, pour l'utiliser en tant que médium à peindre.

La combinaison d'une huile cuite à une essence volatile, semble t-il, était ce qu'il avait fini par trouver. Les légendes et diverses thèses restent nombreuses quant à la "fameuse recette de Van Eyck". Peu à peu, la peinture à l'huile remplaça les techniques des peintures à l’œuf ou à la colle, que les artistes utilisaient. Néanmoins qu'elle que fut la recette de Van Eyck, les résultats obtenus de transparence et de brillance qui caractérisaient cette technique, changèrent durablement la manière de peindre pour tous les artistes dans l’Europe entière.

DA MESSINA Antonello, Calvaire ou Crucifixion, 1475.

huile sur panneau, 52.5 × 42.5 cm.

Anwers, Royal Museum of Fine Arts. (Libre de droit)

Ainsi en Italie, le chroniqueur et artiste Vasari, dans son livre "Vie des meilleurs peintres et sculpteurs de 1550 à 1558" raconte qu' Antonello de Messine (1430-1479), à la suite d'un voyage en Flandres ayant rencontré Van Eyck aurait ramené la fameuse recette de la peinture à l'huile et aurait été un des premiers à l'utiliser ? Comment se serait-il rencontré ? Jan van Eyck décéda en 1441, Antonello de Messine avait alors une dizaine d'années ? On ne peut dire comment Antonello connu cette technique. Néanmoins il peignit en 1475 une crucifixion que l'on considère comme étant l'un des premiers tableaux réalisé à la peinture à l'huile en Italie. Ainsi il utilisa cette nouvelle technique de la peinture à l'huile, découverte en Flandres abandonnant la détrempe (mélange de pigments et de colle) que les artistes utilisaient habituellement.

Les vénitiens

-Giovanni Bellini, (Vers 1430-1516), réussit des effets de luminosité similaires à ceux de Jan van Eyck, dans l'utilisation qu'il fit de cette technique. Bientôt tous les Vénitiens adoptèrent l'huile et l'utilisèrent à leurs façons, obtenant des effets particuliers, comme le fit:

-Titien (1485-1576) dit "Le Maître de la couleur" , il contribua largement à la gloire des artistes de Venise et de leur manière d'utiliser cette nouvelle technique de la peinture à l'huile. Alors que les artistes Flamands, peignaient par superpositions de couches très fines. Les peintres Vénitiens jouèrent non seulement sur les glacis (la transparence), mais également sur la matière et les empâtements.

Titien, peignait sur un dessous monochrome, et utilisait des empâtements de couleur opaque, pour les ombres, il posait de très fines couches de glacis. L'impression générale donnait le rendu d'une lumière intérieure. C'est ainsi que les Vénitiens adaptèrent la technique de la peinture à l'huile d'une manière différente des artistes du nord de l'Europe.

"Portrait d'une femme au miroir". Le Titien.

(Vers 1515). Huile sur toile. (Musée du Louvre)

On ne peut bien sûr, évoquer l'histoire de cette technique, sans parler de:

-Léonard de Vinci ( 1452-1519 ), et de son célèbre "sfumato" (la fumé en italien).

Il juxtapose des couches extrêmement fines de glacis, (de l'ordre d'un millième de millimètre d'épaisseur. -Selon des chercheurs du centre de recherches du laboratoire de restauration des Musées de France-) et ainsi traduit l'illusion du volume, sans aucun contour.

Les nuances de couleur sont douces, il passe du clair au foncé sans qu'aucun changement dans la couleur ne soit perceptible. Une prouesse technique remarquable qu'il pu réaliser grâce à la technique de la peinture à l'huile, qu'il démontre avec cette toile de la Joconde entre autres.

Mona Lisa Leonard De Vinci

(Musée du Louvre)

Retour en Flandres où de nouveau s'ouvre une nouvelle page de l'évolution de la peinture à l'huile avec un artiste majeur de cette période:

Pierre Paul Rubens (1577-1640).

1618 Huile sur toile 224 × 210 cm

"Enlèvement des filles de Leucippe".

Pinacothèque, Munich.

Comme beaucoup des artistes de son époque il s'intéressa à la peinture de la Renaissance Italienne, et trouva sa manière de peindre alliant technique des artistes du Nord et technique des artistes d’Italie. Après avoir appliqué sur son support une couche de blanc, il peignait en grisaille l'ébauche de sa composition, qu'il affinait à l'aide de terres d'ombre, puis plaçait ses demi-teintes, laissant transparaître en certains endroits le fond de son support. il posait ensuite, ses teintes les plus sombres pour les ombres, ensuite venaient les teintes les plus claires en très fines couches, puis achevait son travail par la pose de glacis transparents.

Très sensibles à l'influence de Rubens, Rembrandt (1606-1669) et Velàsquez (1599-1660), à leur manière, trouvèrent leur propre écriture, avec la peinture à l'huile. Velàsquez l'utilisait tout en souplesse, allant d'une pâte très fluide à une pâte épaisse, quant à Rembrandt, il réalisait de spectaculaires clairs-obscurs. En Angleterre, les peintres du XIIIe siècle aimèrent utiliser les possibilités que leur permettait les dessous en monochrome, ainsi Reynolds (1723-1792) utilisa t-il ce procédé, très influencé par la technique de Rubens.

Au fil des siècles, la technique de la peinture à l'huile bien que présentant des difficultés techniques, permit aux artistes une très grande diversité d'expression. La commercialisation des couleurs en tubes favorisèrent son utilisation et fut à l'origine de la peinture en plein air que plus tard, les artistes de Barbizon et les Impressionnistes s'employèrent à développer. Jusqu'aux artistes, expressionnistes abstraits, dont Jackson Pollock (1912-1956) et ses "drippings", qui réalisa des œuvres monumentales, en laissant couler la peinture directement sur le support. De nos jours peindre à l'huile, reste considéré comme faisant partie du "métier" pour le peintre.

Sources: Bibliographie: Xavier de Langlais (Techniques de la peinture à l'huile), Marc Havel (Technique du tableau), Jean Rudel (technique de la peinture). Vasari ( Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes).

Photographies libre de droit.

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