L'Aquarelle son histoire

L'aquarelle quand les pigments explosent dans l'eau

"AQUARELLO" (Détrempe à l'eau) en Italien. Les Italiens, lui donnèrent son nom, puis les naturalistes Allemands, les paysagistes Anglais, lui donnèrent ses lettres de noblesse. Plus tard ce furent les Impressionnistes, Puis Kandinsky en 1910, en s’affranchissant de la réalité, réalisa une première œuvre abstraite, à l'aquarelle.

Aquarelle abstraite Kandinsky Sans titre 1910-1913

De nos jours, l’aquarelle est devenue un mode d'expression à part entière.

Les origines de la peinture remontent à la préhistoire. Les hommes de la préhistoire, extrayaient leurs pigments des pierres, des roches... À Lascaux, de l'hématite (minerai de fer

qui donne la couleur rouge), a été trouvé. La couleur ocre, provenait de l'argile, le brun, des roches de granit, le noir, du charbon de bois... Ils broyaient ces pigments à l'aide d'un mortier

en pierre avec de l'eau, de la salive, de la graisse animale ou végétale...ajoutant des "charges"

minérales non colorées, permettant à la peinture de tenir sur les parois... Leurs recettes étaient

assez complexes. Aussi peut-on considérer, que l'aquarelle, à cet égard, n'est pas si éloignée des procédés des techniques picturales de ces temps anciens, c'est une peinture à l'eau dans laquelle on a dilué des pigments et ajouté un liant pour leur cohésion, afin d'obtenir une couleur.

- "La charge" ou plus exactement ("Matière de charge"). En peinture, c’est ce que l’on ajoute

à une préparation pour en augmenter le volume, la densité, la transparence et/ou l’opacité. Il

s’agit de matières tels : la craie, le talc, le kaolin, parfois artificielles, qui seront réduites en fine poudre. Ces matières ont peu de pouvoir couvrant et colorant, en mélange avec des pigments qui eux ont un pouvoir colorant, cette "charge" permettra au fabricant de baisser le coût de

fabrication de la peinture et parfois d'en améliorer sa qualité. Néanmoins, elles seront souvent

nécessaire pour une meilleure homogénéisation des pâtes picturales, également pour l'augmentation de la transparence ou de l'opacité de la peinture.

En Chine au IIIe siècle. une forme d'aquarelle était utilisée pour peindre sur la soie, il s'agissait

de colorants, fabriqués à l'aide de pigments essentiellement minéraux.

En Égypte, elle était utilisée pour illustrer les papyrus, et les pigments employés étaient naturels; Terres, cinabre, gypse...Elle s'apparentait à la technique de la détrempe jusqu'à ce qu'on lui associe plus tard de la gomme arabique, un liant, pour une meilleure adhérence au support.

-La gomme arabique: la plus ancienne et la plus connue de toutes les gommes, en Égypte,

"Kami", permettait de maintenir les bandelettes des momies. Elle est extraite de l'acacia.

le Soudan reste le principal pays producteur de la gomme arabique dite: "gomme Sénégal". Elle est soluble dans l'eau et toutes les aquarelles, gouaches, pastels ont dans leur

composition, de la gomme arabique qui permet de lier les pigments pour fixer la couleur. Elle

n'a pas de toxicité connue. Ne se conserve pas si on ne lui ajoute pas de conservateur. Elle

est incompatible avec l’alcool, les acides minéraux, les sels ferriques, les acides oxaliques et

les sels de plomb.

Au Moyen âge, l'aquarelle sera utilisée pour l'illustration de manuscrits et permettra d'enrichir

ces précieux "livres" de belles calligraphies.

À la Renaissance, l'aquarelle est à son apogée, la tradition ancienne des illustrations botaniques, de la faune sauvage et d’espèces sauvages est devenue très populaire. À la fois titre d'illustration sur des bois teintés, dans des livres ou des journaux grand format, et des dessins à l'encre sur vélin teinté, ou sur papier.

-Albrecht Dürer (1471-1528) en Allemagne du Nord, l'utilise pour traduire botanique, faune et paysages. Il fut le premier Européen à accorder une large place à cette peinture.

Albrecht Dürer (1471-1528) Stag Beetle, 1505.

Watercolor and gouache (14.1 × 11.4 cm)

J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

-John White (Vers 1540-1593), lors des tentatives anglaises pour la colonisation de l'Amérique du Nord, va rapporter de cette exploration de 1585/86, expédition Raleigh, de très belles aquarelles .

John White North carolina algonkin. (1585) British Museum Londres.

L'aquarelle allait devenir une spécialité Anglaise, deux pédagogues de cette discipline:

-Le Révérend William Gilpin (1724-1804) que l'on surnommait le "Picturesque tour", en

référence aux voyages qu'il effectua pour traduire les paysages susceptibles de mériter d'être

représentés en peinture.

-Alexander Cozens (1717-1786), qui utilisait la technique des tâches aléatoires sur une

feuille et demandait à ses élèves, d'imaginer des formes, des nouvelles représentations du

paysage à partir de ces tâches. Il publia: "A New Method of Assisting the Invention in Drawing Original Compositions of Landscape" (1785). Traduit en 2005 ("Nouvelle Méthode pour

assister l'invention dans le dessin de compositions originales de paysages"). Il donna

naissance à ce que l'on appela le "Tachisme", technique apparentée aux impressionnistes et

néo-impressionnistes ainsi qu'aux "Macchiaoli" en Italie, terme employé, en référence au

peintre Fattori pour sa toile "Macchiaiole" (Petites tâches).

Fin XVIIIe l'aquarelle acquière ses lettres de noblesse avec:

-Paul Sandby (1725-1809),membre fondateur de l'Académie Royal, qui n'hésitait pas à allier

avec l'aquarelle de la gouache.

Est ce une légende ? Il est courant de rapporter à son sujet qu'il utilisa l'un des premiers pinceaux pour l'aquarelle! Ses œuvres peuvent toujours être vues au British Museum, ainsi qu'à Windsor Castle qu'il a souvent représenté.

-Thomas Girtin (1775-1802), qui s'imposait de n'utiliser que 5 couleurs: -ocre jaune, terre de sienne brulée, rouge clair, bleu vif et noir d'ivoire. Superposant les couleurs transparentes pour

retrouver d'autres teintes, obtenant ainsi de subtiles dégradés aux contrastes puissants.

- William Blake (1757-1827), Peignait sur un support non absorbant, comme le verre, la porcelaine, ou le carton enduit. Il appliquait la peinture sur sur un papier blanc qu'il pressait et qu'il retravaillait une fois sèche.

Oberon. Titania and Puck with Fairies Dancing.Tate Britain.

William Blake.1786. (Aquarelle et graphite sur papier).

-John Sell Cotman (1782-1882)

John Sell Cotman "le Dématage" Aquarelle 1823

-John Constable, (1776-1837) ce dernier, réalisa plus de vingt mille aquarelles.

Peu à peu l'aquarelle, finit par évincer d'autres techniques comme lavis, détrempes...

John Constable-"Old-Sarum" 1834. Victoria Albert Museum.

-Gainsborough (1727-1788) va comme Turner, Constable incarner ce grand siècle des paysagistes Anglais à l'aquarelle.

-William Turner. (1775-1851) ou Le triomphe de l’aquarelle.

Il va en exploiter toutes les possibilités chromatiques et pousser très loin l'art de peindre à l'aquarelle. il utilisera l'aquarelle avec une très grande liberté, modifiant le procédé selon ses besoins, ainsi il mouillait le papier avant de peindre ce qui était tout à fait nouveau à l'époque.

Jouant avec les contrastes, avec des lavis opposé à des touches de couleurs opaques.

William Turner of Oxford (1789-1862) 

Stonehenge - Twilight 1840 Aquarelle (27X39,7)

En France.

-John James Audubon (1785-1851), son œuvre; "Les oiseaux d'Amérique", représente tous les oiseaux du nord-d'Amérique. Aujourd'hui de nombreux guides naturalistes sur le terrain sont encore illustrés par des aquarelles.

John-James Audubon. Martin pêcheur d'Amérique 1830.

Les Romantiques: Delacroix, (1798-1863), Géricault (1791-1824)

l'utilisent pour des études très abouties, à elles seules pouvant être considérées comme œuvre à part entière. Un langage complet auquel il n'y a rien à ajouter ni aucune autre matière, ni d'autres couleurs.

De nombreux sculpteurs furent également d'excellents aquarellistes.

(Auguste Rodin, découpait ses aquarelles de nus pour les utiliser en collage telles des sculptures de papier).

-les Impressionnistes.

Pus d’un siècle plus tard, y auront largement recours : recherchant dans l'aquarelle un moyen d'expression indépendant, accomplissant des œuvres aussi puissantes qu'à la peinture à l'huile.