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  • Photo du rédacteurCavallo Danièle

Aquarelle sa pratique.


Première fiche sur la pratique de l'Aquarelle

Cette technique de l'aquarelle ne serait-elle qu'un travail conçu dans l’urgence ? Une prise de risque maximum ? Malheureusement, le plus souvent, c'est ce que l’on retient de ce que devrait être une aquarelle. Des fusions de teintes, des formes, l'absence de crayon, une très grande maîtrise du geste, de la transparence et l'économie de moyens. Seulement du papier de l'eau et des pigments, et aucun repentir possible ?

Pratiquant cette technique depuis fort longtemps, il me semble que, comme tout autres matériaux, l'aquarelle est un moyen d'expression comme un autre et qu'elle peut faire partie intégrante, de la démarche d'un artiste, qu'elle soit employée seule ou avec d'autres techniques. L'aquarelle n'est pas seulement quelques taches colorées évanescentes posées sur un papier très blanc, sa technique permet beaucoup d'innovations. L'histoire montre que les plus grands peintres ont utilisé l'aquarelle en utilisant de la gouache, parfois, rajoutant de la gomme arabique, de l'alcool , utilisant des papiers teintés...

Titre: "tranquilles solitudes" Technique: Aquarelle sur carton enduit au gesso.

Turner aurait- il montrer la voie ? On ne peut évoquer cette technique sans se passer de son exemple. Tuner a utilisé toute une gamme de procédés techniques avec l'aquarelle. Il se servait d'un vernis particulier pour masquer certaines zones du papier afin de les préserver, pour qu'elles ne soient pas envahies par la couleur. Il utilisait de la gouache blanche en tant que rehauts, n'hésitait pas à travailler sur un papier mouillé pour faire fuser les couleurs entre elles, épongeait, grattait pour enlever la couleur et travaillait sur plusieurs aquarelles en même temps.

Citation de: Joseph Farington (1747-1821). Peintre paysagiste, chroniqueur, au XVIIIe siècle. Extrait de son journal, à propos de la technique de William Turner.

« Les lumières sont rendues en dessinant avec un pinceau mouillé sur les zones concernées (un fond général de la couleur sombre avait été peint là où cela était nécessaire) et allégeant la couleur, ainsi mouillée par le pinceau, à l’aide d’un papier absorbant ; Après quoi, les zones sont nettoyées à nouveau à la mie de pain. Une autre couleur pouvait être étendue sur les mêmes parties, en cas de nécessité. Une craie blanche (en pierre de Gibraltar) est employée pour rehausser les formes qui doivent êtres lumineuses. On peur obtenir un aspect granuleux et consistant en passant un pinceau de poil de chameau presque sec sur celles-ci pour diminuer l’humidité de la zone intéressée, et de cette façon, à l’aide de papier absorbant, seules quelques zones sont mises en lumières. »

LE TRAVAIL DE L'AQUARELLISTE

Si, le hasard peut également y trouver toute sa place, la patience, savoir attendre font également partis intégrante de cette technique de peinture et bien sûr, la connaissance des matériaux que l'on utilise. D'où l'importance de quelques petits tests avant de se lancer dans l’aventure.

Exemple ci dessous d'un de ces tests.

Mouillé sur mouillé. J'ai utilisé pour cet exercice un papier 185gr. (Composition: 50% coton 50% cellulose, sans acide, antifongique) d'aspect torchon, grain fin.Toutes les opérations suivantes ont été effectuées sur un papier complètement mouillé, sans attendre qu'il sèche, l'idée étant de voir comment se comportait la couleur dans l'eau, sur ce type de support, le grammage étant un peu juste pour un travail dans l'humide.

-1 De la pointe du pinceau, je dépose un jaune auréoline, qui se répand immédiatement sur le support, la couleur est transportée par l'eau. Je suis intervenue ici avec une couleur alors que le papier est encore très brillant et saturé d'eau.

-2 J'ajoute toujours avec la pointe du pinceau un cramoizi d'alizarine, qui va se fondre dans l'auréoline et donner une teinte un peu orangée en certains endroits.

-3 Je décide de poursuivre, cette expérience en forçant sur le cramoisi d'alizarine, que je dépose en haut à droite du papier, je le laisse s'étendre dans l'humidité du papier, ce dernier commençant à perdre un peu d'eau, il se révèle moins brillant qu'au début de l'expérience. La couleur peu à peu, envahit avec plus d'intensité le jaune en le masquant au fil de sa progression dans l'eau.

-4 À ce stade du test, je charge mon pinceau à nouveau, de jaune auréoline en quantité que j'utilise comme s'il s"agissait d'une gouache, le papier continu de perdre petit à petit de l'humidité, devenant plus mat. La couleur se bloque par endroit du papier et je dois la faire évoluer avec la pointe du pinceau, sur le papier.

-5 Dans ce qui reste de l'humidité du papier, j'ajoute deux bleus, (Outremer, et céruleum). De la pointe de mon pinceau, J'écris dans la couleur, promenant la pointe du pinceau d'un endroit à l'autre du papier, entraînant les bleus qui se mêlent au jaune et au rouge, pour former d'autres teintes.

-6 Le lendemain, je retrouve mon papier que j'ai pris soin la veille, de laisser sur une plaque de Plexiglas, pour lui garder un peu d'humidité. Je constate que les signes graphiques ont disparus, avalés par l'eau et le papier. les couleurs, ont allégrement fusée entre elles. L'auréoline s'est légèrement teintée de vert, le cramoizi d'alizarine est devenu plus orangé au contact du jaune, les bleus sont restés à leur emplacement, tout en fusant dans l'humidité du papier, donnant une légère teinte mauve avec l'alizarine.

-7 Le papier est sec et très légèrement humide. Je décide, de voir comment cette fois le papier et les couleurs vont se comporter à son contact J'ajoute un voile très léger de vert (voir à la droite de l'image), toujours à l'aide de la pointe du pinceau, je trace à nouveau quelques formes sur le papier, puis j'essaie d'affiner mes traits, avec un peu de violet sur la partie teintée bleu du papier. Je constate qu'à ce stade, la très légère humidité me permet de dessiner dans la couleur assez facilement, et garde l'empreinte de "l'écriture" au pinceau.

Cette petite expérience m'a permis de voir et de comprendre, comment réagissaient mes couleurs dans l'humidité avec ce type de papier. Sans aucun doute un autre papier plus épais , plus lisse, ou plus épais n'aurait pas donné les mêmes résultats, de même si j'avais choisi non pas de travailler dans l'humidité mais sur un support sec. D'où l'importance de bien choisir son papier selon le résultat que l'on veut obtenir. Ce papier qu'à priori je n'aurais pas choisi pour cette technique de "mouillé sur mouillé" à l'aquarelle, s'est montré plutôt résistant sans gondoler, alors qu'il était totalement détrempé.

À suivre pour d'autres expériences.

Sources Photographiques : personnelles.

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